Medellín, en pointillé
Nous avions d’abord planifié de rester trois jours à Medellín, mais notre curiosité de la cote Pacifique Colombienne a finalement réduit notre séjour dans cette grande ville. Nous nous y sommes d’abord arrêtés pour y passer la nuit et reprendre un avion de lendemain pour Bahia Solano. Mon premier ressenti n’était pas très bon. Nous avons traversé cette mégalopole à l’heure de pointe en revenant de bus de Salento. Je n’ai vu que trafic intense, pollution et bruit.
La deuxième fois, nous avons logé dans le quartier résidentiel de Laureles, sur les conseils d’un couple américains rencontré à El Valle. Nous avions qu’une petite journée pour profiter de ce que Medellín avait à offrir. Jeff étant un grand amateur de street art, nous ne pouvions pas passer à coté de la visite de la Communa 13. J’était également très curieuse d’en savoir plus sur l’histoire tragique de ce quartier. Medellín ne m’avait pas enchanté la première fois, mais lors de ce deuxième passage, mon ressenti avait changé ! Ne jamais se fier à ces premières impressions !
Medellín est une très grande ville de 380km² et 4 millions d’habitants. Soit quatre fois la superficie Paris et deux fois plus de résidents. Nous avons eu la chance de n’en voir qu’une minuscule partie. Si votre voyage vous le permet, nous vous conseillons d’y rester au moins deux jours pleins.
Historique : Medellín & La Comuna 13 de San Javier
La visite de la Comuna 13 nous a énormément plu et fait partie de nos plus vifs souvenirs de notre voyage en Colombie. Il ne s’agit pas seulement d’admirer de magnifiques street art, mais surtout d’en savoir plus sur l’histoire de ce quartier.
Si vous avez l’occasion de visiter Medellín, ne passer surtout pas, à coté de la Comuna 13. Nous vous conseillons vivement de passer par un tour organisé plutôt que de vous y rendre seul. Vous risquez de ne pas comprendre toute l’histoire derrière chaque street art, et surtout ne pas comprendre la vie de ses habitants.
Nous sommes passés par ZippyTours. Amber et Brian, deux américains rencontrés à El Valle, nous ont chaudement recommandé ce tour. Nous vous conseillions de réserver. On ne pas pas vous mentir, il ne s’agit pas de tour privé intimiste. Il s’agit de free tour qui amène énormément de monde. Nous étions environ une bonne vingtaine dans notre groupe. Bizarrement le groupe s’est peu à peu amincie au fil de la visite ! Les free tour compte sur la générosité des touristes, et certains ne jouent pas vraiment le jeu ! Un guide privé vous coûtera autour de 40.000 à 50.000 COP (10€). ZippyTours organise des visites en anglais et espagnol deux fois par jour (à 10h et 14h). Chaque visite dure environ 2h30.
Notre guide, Yulieth est née dans la Comuna 13 et y habite toujours. Elle en connait l’histoire sur le bout des doigts. Je vais essayer de vous relater au mieux ce dont je le rappelle. Nous avions complètement oublié de prendre des notes : trop de Street Art à photographier !
Historique : Medellín et l’émergence de la Comuna 13
Le quartier n’est qu’une partie du quartier San Javier au sud de Medellín. C’est au cours des années 60, que ce quartier sort littéralement de terre s’installant sur une des parties les plus abrupte de Medellín. Les habitants de la région de Choco, ainsi que de nombreux paysans fuirent le conflit armée et migrèrent en passant de l’autre côté de la montagne pour se retrouver à Medellín.
Les réfugiés occupèrent les différents flancs de la ville. La C13 est un de ces nouveaux quartiers. N’ayant aucun moyen, ils commencent à creuser la terre de la montagne à la recherche de ressources pour créer des habitations mais également pour trouver de l’eau. Tout était utilisé pour construire ce bidon-ville si particulier. Les pierres, les morceaux de plastiques, de vieilles bouteilles d’eau, la terre elle même, tout est bon pour avoir un abri. Ils tombèrent également sur une source d’eau. Tout était à peu près réunis pour commencer à prospérer.
1991 à 2002
La violence ne s’est pas faite en un jour. Le quartier s’est transformé en plaque tournante de la drogue en Colombie. Le sort a voulu que deux groupes armés très violents s’installent dans la Comuna 13. Les FARCs et l’ENL. Pauvres et déjà délaissés, l’état n’a pas fait grand chose pour protéger les habitants. La C13 devient peu à peu une zone de non droit. En 1991, ce sont 6.000 morts par an et par balles qui sont dénombrés juste pour ce petit coin de terre. Vous imaginez ? SIX MILLE !! La C13 devient l’endroit le plus dangereux de Colombie. Voir le plus dangereux d’Amérique du Sud, selon certains, le plus dangereux du monde. Vous pensez à P. Escobar peut-être vu que nous parlons de Colombie ? Ce dernier n’a jamais eu la main mise sur la Comuna 13, même si certains de ces hommes y étaient placés.
La Comuna 13 était très apprécié des trafiquants pour sa situation géographique très particulière à flanc de montagne. Il y était très facile d’échapper à la police.
Toujours en 1991
l’Etat décide pour la première fois d’intervenir. C’est une opération militaire alliée à la police qui durera seulement 20 minutes. Vingt minutes pour pacifier un quartier tout entier. L’opération en plus d’avoir été complètement inutile, est un total fiasco. Nous vous parlons tout de même d’une époque où rentrer dans le quartier alors que vous n’en faisiez pas partie signait littéralement votre arrêt de mort…
De 1991 à 2001 se succèdent pas loin de 24 opérations militaires. Chaque opération met de plus en plus de temps et fait de plus en plus de dégâts. L’Etat pense que le quartier finira par céder. L’avant dernière campagne dure pas loin de 12 heures, les affrontements font rage, les troupes armées et les habitants font état de pertes. Le conflit n’est pas pour autant terminé, et les habitants sont désespérés de subir la violence des deux cotés.
2002 Opération Orion
Changement de tactique radicale pour la toute dernière intervention militaire. La fameuse Opération Orion se déroule sur quatre jours. Quatre jours d’affrontement dans un tout petit quartier comportant seulement 140.000 habitants. Hélicoptères, blindés et troupes à terre nettoient tout sur leur passage. Bien qu’ils aient des cibles bien définies, des dommages collatéraux sont à déplorer. Selon les intervenants, seulement six personnes innocentes auraient trouvé tragiquement la mort, selon les locaux ce nombre s’élèverait plus à 36. Sans compter le nombre important de blessés. Les disparus, quant à eux, sont également ignorés des comptes.
Yulieth, notre guide du jour, nous raconte ces journées cauchemardesques. Elle n’avait que 4 ans à l’époque mais ce sont des journées qui marquent toute une vie. « Tous les habitants se terraient dans leur appartement. Nous nous cachions sous les matelas derrière les murs les plus épais en priant pour que les balles ne nous atteignent pas. Nous entendions des tirs toute la journée et toute la nuit. C’était la guerre ».
Ne vous inquiétez plus, Yulieth va très bien aujourd’hui !
Le taux de criminalité baisse drastiquement, sans pour autant être enrayé. Ce qu’il reste à faire est l’installation d’infrastructures pour améliorer le quotidien des habitants.
2002 à 2013
Le quartier commence à changer. Un des principaux handicapes pour les habitants étaient les 400 marches à gravir quotidiennement. En 2004, l’Etat aide au financement du « metrocable », puis en 2011, un escalator est inauguré pour simplifier la vie des habitant mais surtout pour réduire la criminalité. Yulieth nous informe que jusqu’à avant son inauguration en 2011, il n’était pas rare d’entendre encore des coups de feux.
Après la mise en service, ce sont les habitants qui ont pris les choses en main. Obligeant les chefs de gangs à s’asseoir ensemble et de n’en sortir qu’avec un cessé le feu définitif. Ces années et années de guerre civiles ont donnés de sacrés bolas de acero aux résidents !
Medellín, Comuna 13, San Javier : Aujourd’hui
Tout cela à bien payé ! C’est en 2013 que Medellín est sacrée ville la plus innovante du monde. En effet, de plus en plus de fonds sont alloués à la Comuna 13 pour son développement. De nombreuses infrastructures voient le jour, comme l’I.E. La Independencia ou encore le centre multiculturel UVA San Javier. Notre guide nous explique qu’au plus un quartier était pauvre, au plus il recevait de subventions.
Le quartier apaisé, les touristes commencent également à faire des visites. La culture Hip-Hop des États-Unis déferle sur la Comuna 13. Les piliers même de cette culture font ressortir ce qu’il y a de mieux dans les gens : DJs, MCs, Rappeurs, Beatboxeurs, Breakdanceurs et surtout le Street Art transforment peu à peu le paysage urbain autrefois criblé de balles, en une magnifique toile à ciel ouvert.
Où dormir à Medellín ?
Même si Medellín est devenue une ville sure en matière de sécurité, il n’est cependant pas conseillé de dormir partout. En effet, nous avions entendu dire qu’il fallait éviter le centre de la ville, mais aussi les quartiers à flancs de montagne (comme la comuna 13). Le quartier privilégié des touristes reste El Poblado. C’est un quartier assez chic de la Medellín. On y trouve de nombreux restaurants et hôtels. Nous n’avons pas eu la chance d’y dormir, mais nous nous y sommes promenés le soir. C’est un quartier assez animé, attention tout de même au choix de votre hôtel pour qu’il ne soit pas trop proche de bars et boite de nuit.
Nous avons adoré le quartier résidentiel de Laureles. On y trouve également de nombreux restaurants plus abordables qu’à El Poblado. Si vous devez rester quelques jours à Medellín, nous vous conseillons vivement ce quartier.
Nos Hôtels à Medellín
- Première nuit à Megua Hostal. Nous avons choisi cet hôtel pour sa situation géographie proche de Aéroport Enrique Olaya Herrera et de la station de bus. L’hôtel était propre, neuf. Le staff super cool et gentil. Salle d’eau avec eau chaud, un luxe en Colombie ! Petit déjeuner complet et bon. La chambre ne disposait pas de fenêtre, mais d’une ouverture sur le couloir. Cela était pas gênant en terme d’humidité (pour le moment), mais on entendait tout ce qui se passait dans l’hôtel. Nous vous conseillons cet hôtel de passage seulement si vous devez prendre un vol tôt le lendemain.
- Pour notre seconde nuit nous avons réservé dans le quartier plus calme de Laureles. Plus proche également de la station de bus Del Norte d’ou nous revenions de Guatapé. Notre nuit à l’Hotel Casa Laureles fût très reposante dans un lit très confortable. Le petit déjeuner en buffet était varié et très bon et le personnel était très sympathique.
Où manger à Medellín ?
Comme abordé plus haut, les prix des restaurants différent d’un quartier à l’autre. Certains restaurants affichent même des prix proches de ceux de France. Privilégier, les restaurants de rue ou traditionnels, pour manger à moindre coût !
- Par exemple dans le quartier d’El Poblado, nous avons mangé au Botanika Lounge. Un des restaurants le moins chers du quartier. Les plats étaient plus sophistiqués que ceux que nous avions eu l’habitude de manger. Jeff a choisi le burger, qui était excellent et je mettais régaler de mon tartare de saumon avocat.
- Dans le quartier de Laureles nous avons mangé chez Chef Burger, une chaîne de restaurant qu’on trouve un peu partout à Medellín. Les burgers sont très bons et abordable (plus chers qu’au BK). Le cadre est très sympa, dans une ambiance exotique.
Toujours dans Laureles nous avons mangé en vitesse chez Cabeto Parrilla après la visite de la Comuna 13. Bon, simple et efficace.
Comment aller à Medellín ?
Tous les chemins mènent à Medellín bien sur ! Etant la deuxième plus grosse ville de Colombie, ce ne sont pas les transports qui manquent.
Attention tout de même, il existe deux aéroports et deux terminaux de bus. Pensez à vérifier cette information si vous devez gérer des liaisons.
Bus
Terminal Sur et Terminal del Norte se partagent les arrivées de bus en fonction de votre arrivée par le nord ou par le sud. Prenez le terminal Sur de/vers Salento, et le Norte de/vers Guatapé.
Avion
Medellín dispose de deux aéroports. Un tout petit le Enrique Olaya Herrera directement dans la ville. Cet aéroport sert que pour des vols courts avec des avions très petits. Bahia Solano en est le parfait exemple. l’Aéroport international José-María-Córdova est situé en dehors de la ville. Pour facilement rejoindre cet aéroport, rendez vous au Centre Commercial San Diego à la station de bus, pour 10.000 COP (2€60). Attention, compter une heure de trajet.
Il existe plusieurs liaisons entre certaines villes d’Europe et Medellín. La compagnie Ibéria dispose d’une liaison sans escale entre Madrid et Medellín. Pensez-y si vous souhaitez éviter de passer par la capitale Bogotá.
Nous vous conseillons de toujours passer par le site SkyScanner pour choisir le meilleur vol au meilleur prix.
Oui je tenais à vous montrer le petit aéroport Enrique Olaya Herrera situé directement dans la ville de Medellín ou nous avons passé au final une journée entière … Ah et également notre coucou !
J’espère avoir l’occasion d’aller en Colombie
Fan de street art j’irai voir de près la comuna 13
merci pour le rappel des faits
Salut Tania =)
Les Street Arts sont vraiment aussi impressionnants que l’histoire de la Comuna 13. Nous avons préféré séparé le coté un peu sombre de la joie du Street Art en lui même. C’est pour ça que la semaine prochaine (enfin là, ce sera en gros vendredi 25) nous aurons un article avec énormément énormément de murales. Les couleurs pètent dans tous les sens, un vrai bonheur à retoucher =)
À bientôt !
Incroyable, j’adore cet article. Il est plein d’espoir et de preuves que les choses peuvent changer ! Merci aussi pour les conseils et les magnifiques photos !!
La semaine prochaine nous sortons un spécial « Street Art Comuna 13 ! »
Ce sera probablement l’article le plus rempli de Street Art depuis le début de notre blog voyage !
C’est dingue également de penser que j’aurais probablement pas pu y mettre les pieds à l’époque de ma visite du Chili/Pérou !