Philosophie Photographique, ou comment je ressens la photographie
Bonjour, je peux t’appeler Hanibal, lecteur ? ( © Vertige, si elle me lit, mais ça m’étonnerait )
Aujourd’hui, j’aimerais vous parler un peu de ma philosophie de photographe. Cela fait longtemps que je n’ai pas parlé photo sur le blog. Je ne vous propose pas vraiment un tutoriel photo mais, plutôt une publication méta photo. Le sujet est suffisamment intéressant, mais alors qu’est-ce que la Philosophie Photographique ? Complexe, je vais tenter d’être le plus clair possible en développant plusieurs points.
Peut-être cela va vous paraître un peu pompeux aux premiers abords, c’est même certainement le cas. Je vous livre mon point de vue subjectif sur la photographie. Cette philosophie photographique, je ne l’ai pas acquise dès le départ. D’ailleurs, je vous avoue, lorsque j’ai eu mon premier reflex entre les mains aux alentours de 2010, je n’avais aucune foutue idée de comment m’en servir. Hormis qu’il fallait appuyer sur le bouton.
Pour fêter ça, je vais vous faire un article sans photos. Je vous laisse par contre avec mes gribouillis d’enfant de 4 ans et demi.
La photo c’est simple, il suffit d’appuyer sur le bouton !
Alors en réalité cela demeure en partie vrai. Mais, pas tout à fait. Je vais tenter de vous l’expliquer avec une analogie relativement simple.
Prenez-vous en tant que personne. Tout votre bagage génétique provient d’une lignée d’ancêtres que vous devez avoir du mal à retracer jusqu’à vos toutes premières origines. La résultante de votre bagage ADN, la Génétique, vous a donné forme. Votre environnement, vos habitudes alimentaires, l’exercice etc, vous ont fait grandir, grossir voir maigrir, c’est votre Phénotype. De même pour votre bagage Mémétique, la somme de vos connaissances, acquises au fil des années, à l’école ou en contact avec d’autres humains. Là où je veux en venir, c’est que nous n’êtes pas apparu d’un coup à votre âge actuel avec toutes vos connaissances comme par magie.
La photo, par analogie, peut-être développée de la même manière ; ce n’est pas par magie que je/vous les réalise(z). Je serais incapable de vous dire combien de livres j’ai lu à ce sujet, traitant de nombreux thèmes. J’en possède encore quelques-uns que j’ai à peine feuilleter, pour le moment. Encore moins combien d’heures de tutoriels en tout genre j’ai pu regarder, enfin si probablement plusieurs milliers d’heures. Certaines vidéos, les plus intéressantes, plusieurs fois. Toutes ces informations proviennent de 200 ans de photographie, de son balbutiement au numérique. En gros : son bagage Génétique.
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Mais ce n’est pas tout, dans tout cela, rajoutez les connaissances techniques globales de l’appareil. L’étude du manuel d’utilisation de mon reflex m’a ouvert de nouvelles perspectives. Même si je n’utilisais pas directement toutes ses fonctionnalités, je savais qu’elles existaient. Leurs utilisations viendraient en temps voulu et c’est ce qui est arrivé. Le matériel ne s’arrête pas au boitier, les objectifs sont à dompter, quand utiliser lequel et comment bien les utiliser n’est pas chose aisée. Rajouter à cela la maîtrise des flashs, diffuseurs, profondeur de champ, lumière naturelle, et vous avez votre Mémétique.
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Pour une photo réussie, que j’apprécie et que je traite, je pense en jeter minimum dix à la poubelle. Pas que les autres soient forcément mauvaises. Je prends souvent plusieurs photos, si la situation le permet, sous différents angles. Le petit écran de mon appareil me permet difficilement de faire le tri correctement. Je préfère être sûr que regretter. Je l’ai appris à mes dépends. Lorsque je prends une photo, je pense déjà à ce que je vais pouvoir en faire par la suite : que se passera-t-il sur Lightroom ? Prises en RAW, toutes mes photos sont traitées une par une, avec amour, puisque je n’aime pas les presets, ou filtres préréglés. En appuyant sur le déclencheur, j’ai déjà une idée précise de sa finalité. Voir la photo en quatre dimensions est aussi important que d’appuyer sur le bouton. Lightroom est un outil formidable, le dompter n’est pas chose aisée. C’est le dernier point de mon analogie : le Phénotype.
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J’espère que l’analogie n’as pas été trop lourde à comprendre, vous me suiviez toujours ? Plongeons au pallier en dessous.
- Pour retrouver tous mes articles traitant de photographie d’ailleurs, je propose toujours de jeter un œil à mon guide : Je veux progresser en photo !
La quête de la photographie parfaite ?
La première réelle question à se poser est de savoir si la photographie parfaite existe non ?
Alors c’est une question très subjective, d’ailleurs c’est pas une question déjà posée à un sujet de philo au bac ? Je vais essayer de faire plus court qu’une dissertation, de toutes manières j’avais eu cinq sur vingt à l’époque … J’aurais peu être pas du citer Korben Dallas quant au bien et le mal ou la justice, ou n’importe quelle autre connerie écrite pendant cette année. D’ailleurs la réponse pour moi est très simple à répondre, la photo parfaite l’est aux yeux de celui qui la regarde. Parfois aussi dans les yeux de celui qui l’a fait. Si vous en tirez un Diagramme de Venn, la probabilité qu’une photo tombe au croisement des deux cercles est tout de même très petite.
Je pense que parmi mes plusieurs dizaines de milliers de photos réalisées, très peu ont la chance de tomber au centre de ce diagramme bien précis. Tout cela pour vous dire qu’une consensualité de la perception photographique, ce n’est pas sur d’être gagné. Alors existe-t-elle ? La réponse est oui et non en même temps, comme le chat de Schrödinger, coincé dans un intriquement quantique exotique. Ou comme je l’ai appelé aujourd’hui : ma Philosophie Photographique
C’est beau quand je parle.
Suis-je à la recherche la photo parfaite ?
Si vous avez lu le paragraphe précédent avec attention et sans décrocher, vous connaissez mon avis sur le sujet.
Vu que la photo parfaite existe et n’existe pas en même temps, il m’est très difficile de courir derrière. Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer. Après tout, le but est tout de même d’essayer d’avoir les photographies les plus jolies possible, sinon je me serais trompé de matière. Avec le temps, je me suis rendu compte que cette quête en photographie pouvait être vaine. Loin de moi l’idée de baisser les bras en ce qui les concerne, mon envie de m’améliorer reste toujours ancré en moi. Je continue de m’instruire sur des techniques, mécaniques ou numériques pour patiner mon œil. L’aide d’internet et le partage constant d’idées et innovation rendent cette tâche toujours plus facile. L’arrivée de nouveaux schémas entraîne également de nouveaux concepts de ma part, ma philosophie reste de toujours aller plus loin, surtout de ne pas stagner.
Je sais ce que je vois, que ce soit sur les blogs, Instragram, Flickr ou encore 500px : toutes les photos doivent être léchées au maximum. Ce que je trouve parfaitement normal mais, seulement en fonction de certaines circonstances. Par exemple en shootings, les intérieurs et photos studio. Ce que j’ai plus de mal à comprendre, c’est au niveau des photos extérieures justement, la fibre nerveuse de notre blog. Toutes les photos doivent elle être vides de personnes ? Dois-je gommer, grâce à un logiciel, les personnes présentes sur la photo ? Dois-je me lever aux aurores pour obtenir une photo sans passants ? Cela n’engage que moi mais, la réponse est non.
Nous nous sommes mis dans l’optique d’écrire en nous rapprochant le plus de la réalité des lieux possible. Nous pensons d’ailleurs que par rapport à notre lectorat, c’est la meilleure décision à prendre. Les photos doivent représenter ce que nous écrivons, c’est à dire, la réalité. S’il y a du monde, des passants, des voitures, ils seront volontairement inclus dans les photos que je sélectionne. Une route avec du passage ? J’attends qu’une voiture passe. Une place bondée, autant la montrer pleine. J’essaye de vous dire que je recherche la réalité que je trouve bien plus jolie, plus intéressante et plus pertinente. Ce sera, pour moi, la photo plus parfaite que si j’avais trop attendu. Je dois également vous avouer autre chose : lors de mes balbutiement photographiques j’adorais la photo de rue. Pratique encore chère à mon cœur, probablement une des raisons de mon approche.
Je recherche la photo parfaite dans certains cas de figure, quand le métier me le demande. Un peu moins cette photo parfaite lorsque je le fais pour le blog, mais je la trouverais tout de même parfaite. Le chat de Schrödinger peut encore se retourner dans sa tombe, qui n’en est pas vraiment une.
Vous me suivez toujours ? Alors c’est le moment de plonger dans le Full-Meta !
Pourquoi la Photographie ?
La métaphysique de la photo. Je pense que c’est assez compliqué. M’autociter me paraît une bonne idée ! Cela fera moins de paraphrase =)
L’appareil entre les mains, tous mes sens s’absentent pour ne laisser place qu’à la vue.
Lorsque je pratique la photographie, j’ai l’impression d’arrêter le temps, par la simple action d’appuyer sur mon déclencheur. Pendant ce court laps de temps, entre le premier et le second rideau, tout se fige. L’entropie biaise inéluctablement notre mémoire. Les souvenirs s’effacent, s’estompent et se modifient. À de nombreuses reprises dans ma vie, j’aurais tant voulu arrêter le temps pour contempler ce moment si précieux que j’étais en train de vivre. La mémoire nous fait défaut, la photographie nous la restaure. C’est cette maîtrise presque divine, du temps qui passe, qui me pousse dans cette voie. La peur de manquer un moment. La peur qu’il nous échappe à jamais. Peur que dans la mémoire, il ne reste qu’un souvenir brouillé du passé. L’exorcisme par la photographie.
Putain c’est beau non ? À peine pédant. Plus sérieusement, dernièrement pour des raisons totalement autre, j’en ai discuté avec une psychologue. Elle était très intéressée au pourquoi. Pour cette raison j’ai également voulu en savoir plus sur moi. Du coup j’ai creusé.
Déjà, j’adore l’objet en lui même, j’adore l’avoir dans les mains et j’aime également juste le regarder. Changer les objectifs, les nettoyer, arriver à en faire un outil et qu’il écoute exactement ce que je veux comme résultat. Dompter une bête, noire, et curieuse.
Ensuite comme je l’ai dit plus haut, j’adore avoir ce petit pouvoir de pouvoir arrêter le temps. Je suis grand fan de tout ce qui est voyage dans le temps, l’études des éventuels paradoxes, un mec en DeLorean ou un gars dans une boite bleue. Arrêter le temps c’est ce que j’aurais voulu faire pas mal de fois dans ma vie. Parfois je pense que cela est un peu lié à un décès d’un proche, deux décennies en arrière. La photo remplace les non-dits, les regrets, les moments de bonheur. J’aurais possiblement voulu consigner plus de ces instants sur pellicule. (Oui, nous parlions encore en pellicule à l’époque).
La photographie découle peut-être d’une envie de mieux se souvenir ou de moins oublier. Ce qui rend également la photo intéressante, c’est que ces souvenirs, je peux aujourd’hui les embellir via la retouche. Nos souvenirs, à Caroline et moi, sont de plus en plus beaux je trouve. Au fur et à mesure que je m’affine avec le programme de développement photo. Et encore une fois je trouve, très subjectivement, que je m’améliore en appuyant simplement sur le bouton.
Et si je concluais ?
Je pense que ces pensées doivent sortir de moi au moins une fois dans ma vie. Tout du moins je dois les exprimer et les structurer. J’ai beaucoup aimé les écrire dans cet article, j’espère que vous avez également apprécié de le lire. Une sorte de psychothérapie dans laquelle je me parle à moi-même. Je pense qu’au fond, cela m’a fait du bien. À l’heure ou j’écris ces lignes je ne sais même pas si je publierais l’article. Si vous lisez ces mots vous aurez bien entendu votre réponse.
Au fait, je vous dois combien docteur ?
Belle réflexion , la photo est un art et certaines photos sont de vraie oeuvres d’art !
Mais comme dans tous les arts les goûts et les couleurs diffèrent , le tout c’est d’accepter que nous n’avons pas tous la même vision ou compréhension d’une oeuvre d’art !
Les dégoûts et les couleurs…
Il est bon de parfois se poser de telles questions et d’essayer d’y répondre !
Merci
Ah bha merci d’avoir lu mon charabia !
Au fait, je vous dois combien docteur ! Tout est dit !
C’est moins cher que d’aller chez le psy !